Je ne sais pas comment commencer cette contribution, alors je commence comme je l’ai vécu : j’étais, le 6 octobre 2023 au soir, dans un état d’esprit positif, ayant aidé à la réussite d’une soirée à Montpellier sur le thème des prisonnier·es politiques palestinien·nes et sur le système d’Apartheid organisé par l’État d’Israël. C’était une soirée difficile, ce qui était raconté était très difficile à entendre, mais nous avions réussi à poser cette question sur Montpellier pour relancer une lutte unitaire en faveur du peuple palestinien opprimé depuis 75 ans :
Et puis le 7 octobre 2023. D’abord, la sidération, puis rapidement l’horreur, et puis la stupéfaction concernant les débats politiques, en particulier en France.
La mort de centaines de civils, parfois des enfants, dans des conditions inqualifiables, lors d’attaques revendiquées par le Hamas, constitue un crime de guerre. Les auteurs de ces horreurs devront répondre de leurs actes devant des tribunaux internationaux. Aucun étonnement : le Hamas est une organisation religieuse fanatique, d’extrême-droite avec tout ce que cela veut dire. Terroriste ? Je ne crois pas car cela minore en réalité la dangerosité de cette organisation et sa base politique théorique qui va bien au-delà du terrorisme. C’est une organisation qui organise des attentats terroristes, pour partie ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 entre dans cette catégorie, mais c’est pire que ça. Et puis le mot « terroriste » est tellement utilisé à toutes les sauces, parfois à juste titre, mais souvent pour délégitimer des militant·es et des résistant·es, qu’il me semble à être utilisé avec prudence. D’ailleurs, l’instrumentalisation, en France, de ce mot depuis le 7 octobre, en particulier envers La France Insoumise et le NPA, est d’une telle indignité que j’en suis resté stupéfait. Et puis, ce serait faire trop d’honneur au Hamas que de lui permettre de jouer sur les ambiguïté de ce mot.
Le Hamas est une organisation qui a bénéficié de l’aide d’Israël pour se développer, ceci pour affaiblir la résistance palestinienne, et a également bénéficié d’erreurs politiques et stratégiques des organisations historiques du peuple palestinien (et en particulier le Fatah). Et puis, bien entendu, 17 ans de blocus de la bande de Gaza, 2 millions de personnes dans un territoire minuscule, une jeunesse désespérée qui n’a connu que cette situation… expliquant en partie que le Hamas semble soutenu par une partie importante du peuple palestinien, en tout cas à Gaza. D’ailleurs les attaques du 7 octobre 2023 venaient à la fois du Hamas et de forces armées palestiniennes dont certaines proches idéologiquement du Hamas et d’autres plus éloignées mais « obligées » de se coordonner avec celui-ci car le Hamas a imposé sa légitimité comme force principale. Ceci est tout de même un problème très sérieux, et cela renvoie à notre incapacité à aider à l’organisation de mouvements de résistance qui ne tombent pas dans ces pièges causés par la désespérance, qui ne tombent pas dans la haine.
Car désespérance, il y a. Car l’État d’Israël, depuis 75 ans, organise une guerre coloniale qui ne semble pas avoir de limite. Le nettoyage ethnique s’étant même accentué ces dernières années, avec un gouvernement ouvertement d’extrême-droite et suprémaciste. Avec également un système d’Apartheid organisé par l’État d’Israël qui est maintenant solidement documenté et démontré, et qui ne cesse de gagner en complexité. Avec une répression des opposant·es politiques violente et sans limite. Avec ces enfants qui meurent, quand ils ne sont pas en prison. Avec Gaza, devenu prison à ciel ouvert. Avec la colonisation rapide de la Cisjordanie. Dans cette guerre, l’agresseur est l’État sioniste d’Israël, c’est incontestable. Mais dans le fait de guerre du 7 octobre 2023, le déclencheur de la nouvelle spirale des horreurs est bel et bien le Hamas. Car la spirale de l’horreur monte en puissance avec un blocus, renforcé par l’État d’Israël, de Gaza, désormais sans eau ni électricité, avec l’abandon des aides humanitaires (des États européens en particulier) et enfin avec des bombardements qui ne sont que les prémices d’un massacre de masse prémédité.
Depuis la France, nous avons plusieurs responsabilités : d’abord celle de l’humilité, nous avons failli dans notre responsabilité historique de solidarité envers un peuple opprimé, le peuple palestinien ; ensuite celle de la clarté politique, le Hamas a commis des actes qui ne sont tout simplement pas acceptables et qui devront trouver une sanction judiciaire et non-militaire, et de son côté le gouvernement d’extrême-droite actuellement au pouvoir en Israël n’est pas un interlocuteur pour la paix ; puis celle de l’action.
Agir pour construire une solidarité internationaliste avec nos camarades israélien qui cherchent à construire une résistance politique au gouvernement d’extrême-droite actuellement en place en Israël. Agir pour construire une solidarité internationaliste avec le peuple palestinien massacré, étouffé, humilié, privé des ressources vitales de base. Agir enfin pour construire une solidarité internationaliste avec nos camarades palestiniens qui cherchent à construire une résistance politique qui soit à l’inverse de celle du Hamas.
Il n’y aura pas de solution simple. Après 75 de guerre, après tant de massacres, il ne peut pas y avoir de solution simple. La revendication historique de l’État binational est ainsi devenu une option impossible à travailler, alors que c’est la seule juste politiquement. La revendication des deux États, qui serait une défaite historique dans cette guerre coloniale, est assez illusoire, surtout aujourd’hui. Mais, cette revendication reste sans doute l’option la plus ouverte pour poser les problèmes très nombreux que nous connaissons aujourd’hui, a fortiori avec les résolutions de l’ONU qui vont dans ce sens.
La priorité est aujourd’hui la vie. Que plus une goutte de sang ne coule. Ce qui signifie faire stopper immédiatement les combats ou les bombardements. Ce qui signifie stopper le blocus et protéger les populations civiles. Ce qui signifie organiser des élections démocratiques pour désigner des représentant·es légitimes du peuple palestiniens. Ce qui signifie sanctionner les crimes de guerre du Hamas. Ce qui signifie sanctionner les crimes coloniaux et les crimes de guerre de l’État d’Israël.
Je ne peux pas trouver de conclusion à cette contribution. Simplement pleurer, sécher mes larmes et puis me remettre à l’ouvrage contre tous les marchands de haine.
Laisser un commentaire